lundi 23 mai 2016

Lecture recommandée - L'armée française en Afghanistan. Le génie au combat - 2001-2012 (Ch. Lafaye)

Nous avions eu l'occasion il y a quelques mois de nous entretenir avec Christophe Lafaye sur son travail de recherche portant sur l'histoire immédiate du Génie français lors des opérations en Afghanistan.
 
Un ouvrage reprenant son travail précis de thèse sur le sujet a été tout récemment publié par les éditions du CNRS (gage de sérieux). 
 
 
Il ne peut être que vivement recommandé du fait de la rigueur avec lequel l'auteur traite ces problématiques et du caractère inédit aujourd'hui en France d'un tel sujet, qui appelle d'autres travaux sur d'autres armes ou aspects.
 
Pour (re-)découvrir, avant la découverte plus complète de l'ouvrage, une partie de son travail :
PS : pour suivre les informations pratiques autour de l'ouvrage (conférences, dédicaces, etc.), cf. la page Facebook.

lundi 16 mai 2016

[SONDAGE] Besoin de vous ! Etude sur les blogs de Défense.

Vous avez sans doute déjà rempli le sondage qui suit pour d'autres blogs, mais si vous pouviez également prendre 1 minute pour remplir celui concernant ce blog ci, je vous en serais fort reconnaissant !

L’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (IRSEM) conduit une étude sur les blogs de Défense en France.
 
L’objectif est de cartographier ces blogs afin de mieux comprendre la dynamique associée à ce vecteur de communication mais aussi la place de celui-ci dans l’offre d’informations qui est disponible sur les sujets de Défense.
 
Pour ce faire, il est donc important de mieux connaître le lectorat de ces blogs. C’est l’objectif de ce sondage, qui ne prendra que quelques minutes.


Pour accéder au sondage : CLIQUEZ ICI !

 
Merci !

mercredi 11 mai 2016

Mettons fin à l’opération Sentinelle. Maintenant !

Elle a trop duré. Il est donc plus que temps de mettre fin à l’opération Sentinelle qui mobilise jusqu’à 10.000 militaires, depuis les attentats ayant endeuillé la France en janvier 2015. Opération conçue pour protéger et rassurer les concitoyens, sécuriser des sites sensibles, et dissuader les auteurs de la menace terroriste, elle est placée sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et commandée par la chaîne militaire, en appui aux forces de sécurité, police et de gendarmerie.
 
 
Illustration - Les militaires, pas des supplétifs des forces de l'ordre ? Vraiment ?

Opération aujourd’hui aux effets sous-optimaux sur le plan opérationnel, ayant atteint en partie les objectifs politiques atteignables, il est donc nécessaire de se redonner de la marge de manœuvre, non pas en réduisant son volume de 1.000 ou 2.000 hommes, comme c’est le cas déjà avec les variations passées, mais bien en y mettant fin. Il s’agira simplement de garder une posture vigilante, reposant sur un format très réduit, permettant d’accompagner une remontée en puissance "au cas où", pour des déploiements ponctuels sans érosion dans le temps des effets dissuasifs.

En effet, l’analyse de la balance coûts/avantages rapportée aux fins de guerre et aux fins dans la guerre peut conduire par bien des aspects à rendre caduc tout maintien en l’état (volume de forces "fixées", modes d’actions, etc.) de l’opération. La distorsion entre la stratégie déclaratoire (le "rabâche" des objectifs, absolus et non limités), la stratégie opératoire (les modes d’action, même moins prédictifs) et la stratégie des moyens (le volume d’effectifs rapporté à la surface à couvrir) par rapport aux effets peut conduire à une impasse épuisante, car sans fin atteignable.

lundi 9 mai 2016

Lecture - De sueur et de sable (par le colonel Raphaël Bernard)

Reprenant les notes prises au fil de l'eau (ou plutôt de la piste) au cours d'une mission de 15 jours dans le Nord du Mali en décembre 2014, le colonel Raphaël Bernard, seul français alors inséré au sein de cette opération de la mission onusienne MINUSMA, livre dans son premier ouvrage "De Sueur et de Sable" un carnet de voyages à découvrir.
 
Il y retrace les défis opérationnels et humains qu'il a dû relever, mais également des réflexions très personnelles sur le commandement ou la vie aujourd'hui de soldat et officier français. Qu'il soit remercié d'avoir bien voulu répondre à quelques unes de nos questions pour présenter cet ouvrage, qui est encore une belle découverte de la discrète mais riche maison d'édition suisse Le Polémarque.
 
 
1/ Tout d'abord, quelles sont les raisons qui poussent à tenir avec beaucoup de régularité ce journal de bord de votre mission de 15 jours au Nord du Mali qu'aujourd'hui vous publiez ?

Il y a un faisceau de raisons qui m’y pousse. Je les détaille dans l’ouvrage mais trois méritent plus particulièrement d’être développées.

Tout d’abord, au moment où nous nous rassemblons ce mardi 9 décembre 2014 à 5h30, je sais au fond de moi que cette mission sera un temps fort de mon mandat au Mali. J’ignore bien entendu ce que ces 1200 kilomètres vont me faire endurer. Pourtant, je saisis tout le côté atypique de ma situation. J’écris donc, dans un premier temps, pour me souvenir de ces moments vrais et éprouvants, comme pour en faire ensuite le témoignage à mes proches.

Par ailleurs, quand je me lance dans cette mission d’une durée initiale de douze jours, j’éprouve des doutes justifiés quant à son issue. Si je suis convaincu du "pourquoi" nous la remplissons, je suis aussi parfaitement conscient des limites du "comment" nous la débutons. Les conditions d’exécution sont en effet largement dégradées par rapport à une mission similaire que mènerait Barkhane. D’ailleurs, ce que me dit le chef des Forces Spéciales françaises à Kidal la veille de mon départ, ne me rassure guère. J’espérais des mots plus optimistes mais la réalité est bien là. Quand je m’élance avec mes dix-sept véhicules, je n’ai ni médecin, ni lot 7 (véhicule de remorquage), ni plaque PSP de désensablage, ni FAC (ndlr : forward air controller, spécialiste du guidage aérien) et je sais que le pire peut être sur notre route, que je puis en être la victime et que notre capacité à faire face est limitée. C’est donc avec une vision un tantinet testamentaire que je rédige chaque jour ce carnet de bord.

Enfin, il convient de souligner le profond décalage entre la vie au désert et le quotidien d’un colonel en fonction. Le désert impose en effet son rythme naturel : allumage des feux à 6h00, extinction de ces mêmes feux à 18h00. Durant les douze heures de nuit, il n’y a plus guère d’activité "occidentale" à conduire : pas de radio, pas de télévision, pas d’ordinateur, pas de téléphone, pas même de lumière… Le dîner partagé, il reste donc un temps conséquent à occuper. Si l’on rajoute à cela mon métabolisme si singulier qui me voit, avec une nuit de cinq heures, rassasié de sommeil, cela laisse beaucoup de temps libre. Or ce temps que l’exercice du métier n’accapare pas directement, j’ai pour habitude de le valoriser. Ce sont donc des conversations avec Tchadiens ou Népalais, des réflexions liées à ma vie, les yeux ivres d’étoiles, et des heures à gratter ce fameux carnet de route qui remplissent chaque soir ces presque six heures.