mardi 29 octobre 2013

Inventorions l'inventaire de Yvan Stefanovitch sur la Défense française

Il est parfois heureux qu'un regard neuf décortique un sujet donné, bousculant par son approche les critiques émises par des spécialistes qui ne se renouvellent pas. Cela est d'autant plus vrai pour la Défense. Du fait même de sa raison d'être (faire face aux risques et menaces affectant la Nation), de son importance pour la communauté nationale, et de sa part dans le budget (plus de 13% du budget général de l'État en comptant les pensions, c’est à dire 41,27 Md€ sur 299,32 Md€ en 2013. En dépit de sa diminution constante tant en valeur qu’en volume, ce budget représente un réel effort dont il est légitime d’analyser l’utilisation.
 
 
C'est ce que propose dans son dernier ouvrage, avec un beau blindé M1 Abrams américain en couverture,  YvanStefanovitch, journaliste d'investigation ayant déjà passé au crible d’autres institutions (le Sénat, les régions, etc.). Néanmoins, un regard critique s'impose vis-à-vis de ce "devoir d'inventaire". Il n'est pas question ici de défendre l'indéfendable et d'annoncer, à tort, l'absence de gabegies dans la gestion des précieux deniers du  budget de la Défense. Les dérapages financiers de certains programmes d’armement, les interminables réformes menées en confondant vitesse et précipitation ou le calvaire connu par certains avec le logiciel Louvois doivent plutôt conduire à un regard exigeant.

dimanche 27 octobre 2013

L'oeuvre du Bleuet de France : solidarité et devoir de mémoire

Cette année encore, l'Ecole de Guerre (organisme pour préparer les officiers supérieurs des trois armées et de la Gendarmerie Nationale à tenir des postes de hautes responsabilités) participe à la relance de l'oeuvre du Bleuet de France. Une journée de grande collecte nationale aura lieu le 9 novembre pour cette oeuvre datant, sous cette forme, de 1934.


Cette oeuvre vise à améliorer les conditions de vie des anciens combattants des différentes "générations de feu" (la 1ère génération était ceux de 14-18, la 2ème pour ceux de 39-45, d’Indochine et de Corée, la 3ème pour les anciens d’Algérie et la 4ème pour les opérations extérieures récentes) et de leurs familles (veuves et pupilles de la Nation), ainsi que d'éveiller les consciences des jeunes générations

Après une année 2012 qui a permis à quelques 31.000 bénévoles de collecter un peu plus de 1 million d'€ de dons qui ont permis de venir en aide à 10.064 personnes et d’organiser plus de cinq cents événements mémoriels pour les jeunes générations partout en France. L'objectif de cette année est évidemment de faire plus grâce à vous.

jeudi 24 octobre 2013

Humour - La rédaction du dernier Livre blanc et l'industrie européenne de Défense

Ce sont les vacances et les permissions (du moins pour certains...), il est donc permis de proposer de la saine détente à ses lecteurs. Merci à ST pour ces trouvailles issues de la série Kamelott qui permettent de mieux comprendre de manière didactique et en quelques minutes les relations entre politiques, militaires et industriels en France.

1/ Comment se sont déroulées les discussions autour des moyens du modèle d'armée 2025 lors de la rédaction du récent Livre blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale ? Vous reconnaissez dans cette vidéo certains membres du cabinet du ministre de la Défense, des militaires de l'Etat-major des armées ainsi que certains représentants des industries de l'armement... ;-)




vendredi 18 octobre 2013

Opération Serval au Mali : l'homme, instrument premier du combat...

A la suite du reportage d'Envoyé Spécial (France 2 - cf. ici pour le revoir en Replay), retour sur un article publié en mars 2013 sur l'Alliance Géostratégique qui tentait d'apporter quelques clés de compréhension sur des images alors fournis par le ministère de la Défense sans commentaires.
 
Il a été principalement rédigé par le colonel Michel Goya (La voie de l'épée), votre serviteur ne se contenant d'apporter que quelques compléments plus généraux de contexte. Vous noterez que les images commentées ci-dessous ont d'ailleurs été reprises dans le reportage de France 2.
 

"Alors que l’opération Serval au Mali est en cours, la communication du Ministère de la Défense et les moyens de capture vidéos et de transmissions modernes permettent au public d’avoir accès très rapidement à des informations provenant directement du terrain. Par exemple, notre allié Abou Djaffar usait d’une telle vidéo dans un article, par ailleurs passionnant, pour appuyer ses propos.
 
Deux autres alliés, Cidris et Electrosphère, profitant de cette prose sage mais parfois si délicieusement acide, en profitèrent pour visionner la vidéo. S’ensuivit un débat autour d’une question commune : Que voit-on ? Que se passe-t-il ? En effet, comme vous le savez bien, Cidris et Electrosphère développent leurs meilleurs qualités bien au chaud dans un bon fauteuil, clavier et souris à la main devant leur Linux préféré mais pas nécessairement le FAMAS à la main dans les zones désertiques du Mali.
 
Nous gageons que cette ignorance vaut également pour une bonne partie du public qui, n’étant pas militaire, ou peu familier avec les méthodes et les spécificités du combat d’infanterie, peut ignorer l’action et n’y voir qu’un groupe de soldats « tirant sur tout ce qui bouge ». Ce type de commentaire, qui semble ignorer la notion même de mise en perspective, n’est pas rare sur les sites de vidéos.
 
Fort heureusement, AGS est une somme de connaissances inexploitées et l’auteur de la Voie de l’Epée a bien voulu nous donner les clés des actions et évènements observés, et répondre à nos questions :
  • Comment les militaires savent-ils où tirer ?
  • Comment repèrent-ils les ennemis ?
  • Comment se protègent-ils ? Comment opèrent-ils ?
  • Comment le chef du groupe de combat définit-il les mouvements et déplacements qu’il explique dans le véhicule ?

jeudi 17 octobre 2013

Les guerres de demain, dans Politique étrangère (3/2013)

Politique étrangère, la plus ancienne revue française de débats et d'analyses sur les grandes questions internationales (depuis 1936 tout de même...) confirme son aptitude à rester jeune en regardant vers l'avenir via un  important dossier central sur la guerre de demain, et notamment les drones, dans sa dernière livraison.
 
 
Les premières contributions reviennent sur l'avenir de la guerre, notamment via une approche statistique poussée où se conjuguent chiffres et constats pour conclure que les conflits armés entre États sont globalement en baisse, mais que la violence n'a pas pour autant disparu et sera notre présent (Dominique David), la guerre changeant de visage et se "désétatisant" (Charles-Philippe David). Les constats offrent des perspectives sur un certain nombre de points : le modèle de l'Etat, la paix à atteindre, etc.
 

mercredi 2 octobre 2013

Avons-nous encore besoin de capacités amphibies ? (Entretien)

Cet entretien avec le lieutenant-colonel Garnier, officier de l'armée de Terre détaché au Laboratoire de Recherche sur la Défense de l'Ifri et auteur du récent Focus stratégique "Le pari de l'amphibie: risque tactique, influence stratégique", a été réalisé en collaboration avec le blog Ultima Ratio.
 
1. En quoi les opérations amphibies se différencient-elles d’autres opérations militaires ?

La rupture de milieu entre la mer et la terre est la caractéristique majeure d’une opération amphibie. Cette rupture intervient sur une côte potentiellement hostile, en l’absence d’infrastructures portuaires utilisables, sans quoi il ne s’agirait que d’un transport maritime stratégique.
 

Cette rupture physique a deux corollaires majeurs. D’une part, elle entraîne une difficulté logistique considérable puisqu’il faut débarquer les approvisionnements en l’absence d’infrastructures dédiées, ce qui ralentit le tempo de l’opération et rend délicate son exploitation (difficulté à débarquer les renforts). D’autre part, les unités terrestres débarquées ont été plus ou moins dissociées tactiquement en embarquant dans les différentes barges de débarquement. Avant de combattre de manière optimale, il leur faut donc se reconstituer, éventuellement sous le feu de l’ennemi et à découvert.