vendredi 27 janvier 2012

Afghanistan : un léger glissement mais surtout encore des questions (+MAJ)

De ce qu’il est possible de savoir à propos des récentes déclarations sur l’Afghansitan… Et quelques remarques rapides. Attention aux nuances et encore des questions sans réponse.

- Annonce de la reprise des activités de formation des militaires afghans par les militaires français à partir de demain

L’arrêt des activités de formation avait été la mesure phare prise par le président de la République suite à la mort vendredi dernier de 4 militaires français. Depuis une semaine, cette notion n’a été que peu éclaircie.

JM Tanguy pense qu’elle recouvrait les activités de la mission Epidote (formation initiale des bataillons afghans ou des spécialistes : blindés, état-major, etc.) et les activités des OMLT (équipes de liaison et de mentorat opérationnel) qui conseillent les militaires afghans sur le terrain.

Elles reprennent, des garanties ayant sans doute été trouvées pour garantir la sécurité des formateurs. Comment ? Nous n'en savons pas plus. G. Longuet a parlé de biomètrie et de mesures de séparation entre formateurs et militaires afghans, mais pas grand chose d'autres, en particulier pour rassurer l'opinion...
- Les « troupes combattantes » françaises auront toutes quitté l’Afghanistan fin 2013

Un délai sans doute raisonnable, au moins, sur le plan pratique en particulier du fait des questions logistiques inhérentes à un tel mouvement. Un chiffre circulait hier sur un délai minimum de 42 semaines pour rapatrier totalement hommes et matériels à partir du niveau actuel (environ 3600 hommes) .

« Troupes combattantes » : l’expression entretient le flou et permet seulement de faire des hypothèses. Pour mémoire, en janvier 2010, le ministre de la Défense de l’époque considérait les OMLT comme des troupes non-combattantes (et ayant des missions moins risquées), or il n’en est rien quand aux pertes et aux accrochages subis.

Fin 2012, il ne restera que 2600 militaires français en Afghanistan soit un accélération du rythme de retrait de 400 personnes par rapport aux derniers chiffres communiqués. Si le nombre de militaires restant est une chose, la nature de leurs missions en est une autre. Sur quel format seront-ils organisés ? Des détachements de liaison ? Des insérés ?

- La sécurité de la province de Kapisa sera transférée aux forces de sécurité afghanes en mars 2012

En plus de cette province, la zone opérationnelle de responsabilité française couvre le district de Surobi qui lui devait être transmis aux forces de sécurité afghanes d’ici quelques semaines. Sans qu’une date précise ne soit communiquée avant le récent drame. Volonté de non-communication de la part des autorités françaises pour « oublier l’Afghanistan » oblige…

Philippe Chapleau avait indiqué que la Kapisa serait soumise à transfert au cours de l’année 2012 (en juin). La date est donc clarifiée et avancée aujourd’hui mais ne doit pas être prise pour ce qu’elle n’est pas : elle ne signifie pas a fin de la présence de militaires français en Kapisa. Cf le cas de la capitale Kaboul transmise « officiellement » aux forces afghanes depuis août 2008…

Il restera sans doute des conseillers français, des spécialistes pour certaines capacités non maîtrisées par les militaires afghans comme la chaîne Santé, la Logistique, le Transport (hélicoptères), les Appuis (artillerie, renseignement, etc.). L’armée nationale afghane aura plus d’autonomie mais ne sera pas non plus lâchée.

Et encore pas mal de questions

Quid du niveau de formateurs (opposés dans le discours présidentiel aux "troupes combattantes") restant après 2013 ? Si des chiffres sont sans doute inscrits dans les clauses du traité d’amitié et de coopération signée aujourd’hui, ils ne sont pas encore publics.

MAJ 1 : le président parle de "quelques centaines d'hommes"... Donc le départ de près de 2000 hommes durant l'année 2013.

Nous ne savons pas non plus à quel niveau de "concertation" avec les autres membres de la coalition ses mesures ont été prises. Plus que jamais, le rendez-vous en mai à Chicago pour le sommet de l'OTAN sera d'importance.

Enfin, peu de déclarations récemment sur la mission des gendarmes français auprès de l’ANP ou de l’ANCOP, et qui agissent, pour certains aussi dans la zone de responsabilité française. Vont-ils voir aussi leurs effectifs décroître ?

Défense : quid d'une Ecosse indépendante après 2014?

Et si suite au référendum prévu en automne 2014, l'Écosse devenait indépendante? Quid du volet Défense ? Avec le marquis de Seignelay, tenancier du blog Le Fauteuil de Colbert(nouvellement membre de l'Alliance Géostratégique), nous avons tenté d'apporter quelques éléments de réponse, sans doute bien incomplets.
La tenue d’un referendum sur l’indépendance de l’Écosse est un vieux serpent de mer, qui aujourd’hui pourrait se concrétiser à l’automne 2014. En effet, c’est une promesse électorale de l’actuel Premier ministre Alex Salmond et de son parti, leScottish National Party (SNP). Or ce dernier a obtenu la majorité (69 sur 129 sièges) au Parlement en mai 2011.
Encore faut-il que les arrangements législatifs le permettent, qu’un accord soit trouvé avec le Premier ministre du Royaume-Uni (qui pousse actuellement pour que le résultat soit contraignant et non consultatif pour trancher une bonne fois pour toute), que les termes (indépendance totale ou partielle, dévolution, etc.) de la question soient définis, etc.

Si aujourd’hui, l’indépendance reste une hypothèse, il est intéressant (et plaisant) de se pencher sur une telle éventualité et d’étudier les conséquences possibles pour la future Défense écossaise et la Défense britannique. La Défense étant l’un des domaines non couverts par les pouvoirs étendus accordés au Parlement écossais depuis 1998.
La suite à découvrir sur l'Alliance Géostratégique.

mardi 24 janvier 2012

Un peu de méfiance vis à vis du Huffington Post, surtout quand l'Afghanistan est abordée...

Annoncée depuis longtemps, la bébête est sortie de sa tanière. Le Huffington Post version française est en ligne depuis hier. Ouvert d'esprit, il nous faut fouiller le contenu de ce nouveau produit pour voir un peu de quoi cela parle...

Quoi de mieux que de commencer par l'édito de la directrice éditoriale, Anne Sinclair.

Quoi de mieux que de commencer par les toutes premières lignes de son édito.

"Soldats tués en Afghanistan, enfants morts dans un incendie à Saint-Denis, fermetures d'entreprises - ou de certains de leurs sites -, centaines de chômeurs en plus (SeaFrance ou Cofinoga), naufrage en Italie, répression encore et encore en Syrie, nous savons hélas que le flux de mauvaises nouvelles éclipse souvent les raisons de se réjouir, et que les missions risquées des troupes françaises en Afghanistan masquent la fierté tricolore d'avoir Jean Dujardin, favori aux Oscars".
J'ai l'esprit tordu, où alors vous lisez comme moi que les militaires français morts récemment en Afghanistan devraient presque s'excuser de mourir car ils relèguent au second plan du flot d'informations le possible Oscar de Jean Dujardin ? Les salauds, non ?

J'espère pouvoir mettre cela sur le compte de la formulation malheureuse d'une journaliste sur le retour... Voir sur une "sorte" de déformation professionnelle personnelle ou alors d'un biais cognitif.

Car, au minimum, il est possible d'être fier à la fois des missions risquées que conduisent nos militaires en Afghanistan et ailleurs, ainsi que du succès annoncé de notre Jean Dujardin national.

Mais, il est surtout opportun, que nous soyons pour ou contre la présence de nos militaires là-bas, de ne pas placer sur le même plan des hommes et des femmes qui peuvent aller jusqu'au sacrifice de leur vie et des hommes qui amusent la galerie, quand bien même cela serait avec réussite...

Du coup, et au moins pour cela, je suis un peu sceptique sur le produit...

PS : on préféra l'article d'opinion d'Anne Nivat sur Afghanistan : un silence indécent. Un appel au débat sur ce sujet, une excellente idée en soit, encore faut-il que nous soyons capables d'apporter quelque chose à ce débat... Rien n'est moins sûr, mais osons prendre le pari !

lundi 23 janvier 2012

Hommage aux morts pour la France en Afghanistan : 11h30 sur le Pont Alexandre III

Rendez-vous demain (mardi 24 janvier) à 11h30 sur le Pont Alexandre III (en face de l'esplanade des Invalides) pour un dernier hommage aux 4 militaires français morts vendredi en Afghanistan.

Si toutes les personnes qui "like", qui "retweete" et qui "consulte" ces infos pouvaient, dans la mesure de leurs réelles possibilités, se rendre à cet hommage digne et non politique, cela en ferait du monde...

vendredi 20 janvier 2012

Afghanistan : des idées reçues et des questions (+MAJ)

Triste journée où à des événements déjà tragiques se sont ajoutées des rumeurs, des idées reçues et des analyses vite faites...

Idée reçue n°1 : Nicolas Sarkozy a été plus rapide à se féliciter de la fermeture de Megaupload qu’à présenter ses condoléances aux familles des militaires tués

Lors d’un tel évènement, et avant que les communiqués officiels ne confirment les informations qui fuitent dans la presse, les familles des tués et des blessés sont averties par les autorités militaires. Cela a été le cas tôt ce matin et c’est bien pour cela que la confirmation officielle n’est arrivée que tardivement lors des vœux du président au corps diplomatique.

D'ailleurs, de choisir un tel moment a eu au moins un avantage : celui de rendre hommage de manière plus solennelle aux morts pour la France plutôt qu'à travers un communiqué envoyé aux rédactions ou diffusé sur les ondes. Le Premier ministre n’a pas manqué, lors d'un déplacement en province, de faire respecter une minute de silence avant de répondre aux questions de la presse.

Idée reçue n°2 : C’est un comble pour des militaires en zone de guerre, les Français tués et blessés ce matin dans la province de Kapisa n’étaient pas armés

Selon les premières informations, l’incident a eu lieu lors d’un footing matinal effectué autour de la base opérationnelle avancée de Gwan, FOB occupée conjointement par les militaires français et afghans. Alors qu’une certaine empathie doit être construite entre forces afghanes conseillées et les conseillers français, la séance physique se faisait donc sans arme (cf photo dans Sud-Ouest).

Idée reçue n°3 : Le président a décidé d’accélérer le retrait des forces françaises d’Afghanistan

Le président a décidé d’envoyer le ministre de la Défense et le chef d’Etat-major des Armées (presque comme cet été, le CEMA étant alors remplacé par le CEMAT) en Afghanistan. Ils devront rapporter les mesures envisagées par les forces armées afghanes et par les autorités civiles ou militaires pour faire cesser de tels agissements dans les rangs de l’ANA.

Selon les décisions présentées, il sera alors discuté ou non d’une accélération du retrait des forces armées françaises d’Afghanistan. A en croire les termes d’Alain Juppé, c’est seulement si les décisions ne sont pas satisfaisantes que le retrait sera plus rapide que planifié actuellement. Rien, n’est aujourd’hui (apparemment) acté.

Idée reçue n°4 : dès lors que la décision est prise, les militaires français peuvent plier bagages en quelques semaines

Les questions logistiques engendrées par un tel rapatriement (de, à l'heure actuelle, 3600 hommes) ne permettent pas un départ en quelques semaines. Il y a les annonces, et il y a aussi la réalité du terrain… Cf. les interrogations moultes fois répétées du sieur JMT sur Le Mamouth.

Il existe au moins trois bases d'importance, Tagab, Surobi (anciennement Tora) et Nijrab, ainsi que des postes plus petits comme celui de Gwan, anciennement appelé COP Hutnik. Les Afghans ne souhaitent pas forcément garder les équipements (généralement trop complexes) ni les véhicules.

(Demie) idée reçue n°6 : les décisions de Nicolas Sarkozy répondent surtout à une logique électoraliste

Argument facile employé généralement par ses adversaires politiques : argument facile qu’il serait idiot de ne pas employer (c’est un fait), mais aussi argument odieux car rabaissant la mort de militaires français au rang d’anecdotes utilisées à des fins promotionnelles (par un camp comme par l’autre, d’ailleurs).

A l’instinctivité du président qui a oublié qu’une élite politique ne peut diriger la destinée d’un pays à coups d’émotions, il est possible de juxtaposer la non-permanence de d'autres qui ont "la chance" dans de telles situations de ne pas être aux affaires (hors du débat des responsabilités entre l'aval donné par Jospin en 2001 et le renforcement décidé par Sarkozy en 2007).

En juillet 2011, le candidat François Hollande indiquait que le retrait d'Afghanistan aurait lieu en mai 2013 si il était élu en 2012. En novembre 2011, il indiquait qu’il serait effectif fin 2012/début 2013 et aujourd’hui que cela serait entièrement fait fin 2012. Belle course à l'échalote dont on ne sait plus qui sortira vainqueur.

Alors, si ces annonces (à relativiser, voir idée reçue précédente) répondent peut-être à une logique électoraliste, les détracteurs doivent au moins admettre que Nicolas Sarkozy prend les décisions qu'eux-mêmes ils auraient prises. Tout le reste n'est qu'hypocrisie et, pour le coup, réellement électoraliste.

Une question pour finir : un intérêt à maintenir des bases pour maintenir des bases?

Sur décision du président, les actions de formation et de conseil auprès de l'Armée nationale afghane sont suspendues temporairement (apparemment). Déjà que depuis cet été, l'activité opérationnelle était limitée à sa plus simple expression (réduction du nombre de sorties, présence de détachements de liaison mais fin des opérations en sous-GTIA, etc.)...

Si ce qui reste d'utilité opérationnelle à la présence de militaires sur place est suspendue (les actions en faveur de la montée en puissance des forces armées afghanes), l'intérêt de laisser des militaires sur place est nul. Le maintien de bases pour maintenir des bases n'est pas un objectif ni politique ni militaire. D'où une obligation réelle de rapatrier tout le monde, si tel est le cas.

Comme un goût amer...

MAJ 1 :

Idée reçue n°7 : si le retrait est décidé, il sera sans conséquence parce que absorbé par les forces américaines, comme pour d'autres auparavant

Les réactions de l'étranger sont à noter. Si les responsables de l'OTAN s'associent à la douleur de ses pertes, ils notent la rareté de tels actes, sans doute afin de ne pas fragiliser la solidité de la coalition. Le retrait de la France ne serait pas un précédent, les Pays-Bas, le Canada ou l'Espagne ont fait sensiblement de même avant, mais serait particulièrement symbolique.

D'autant plus, que c'est lorsque la France menace de se retirer, si des solutions ne sont pas trouvées (comme une plus grande coopération entre la DCSD en charge du screening des soldats afghans et les services afghanes), que les félicitations les plus soutenues sur l'action des militaires français se multiplient.

Cet édito en est un bon exemple lorsqu'il est rappelé que la France est un des rares pays à ne pas avoir de caveats (ces restrictions d'emploi, la plaie des coalitions), qu'elle est une des dix nations contributrices parmi plus de 50 à déployer plus de 1000 hommes sur le terrain et que son approche pour appuyer les forces armées afghanes est un modèle...

PS : dès que disponibles, les informations relatives à l'hommage que chacun pourra rendre à ces militaires tués en notre nom seront communiquées.

PS 2 : une première version publiée était bourrée de fautes d'orthographe. Je m'en excuse.

mercredi 18 janvier 2012

Vite vu, vite écrit : des hélicos, des félins et des F-16 en Afghanistan

Différentes activités contraignent le temps que je peux consacrer à la rédaction de billets un tant soit peu fouillés.

C'est donc via Storify, une plate-forme ultra simple à prendre en main comme à utiliser, que j'ai rédigé récemment quelques idées qui mériteraient plus de réflexion.

- Le FELIN en Afghanistan : des raisons de se réjouir (et de douter ?) : si je passe selon certains pour l'avocat du diable, le pessimisme pourrait cependant ne pas être entièrement de rigueur.

- Une armée afghane centrée sur l'interne ou potentiellement portée vers l'externe : quel sera le futur de l'ANA ? Quelles missions après 2014 ? Et donc quels moyens nécessaires ?

- Il est beau mon hélico ! : de jolies pépites sont sorties récemment sur des hélicoptères en opérations. A nous de les exploiter comme il faut...

A suivre...

dimanche 15 janvier 2012

Embraer 1 - Hawker 0 : un abandon de la préférence nationale ? (avec bonus)

Pas si simple...

Le fait que l'armée de l'Air américaine, l’US Air Force (USAF), choisisse pour le programme LAS (Light Air Support) un appareil développé à l’étranger (ici au Brésil) ne peut être présenté comme « une rupture » par rapport aux habitudes en matière d'économie de Défense.

En effet, il n’est pas possible de conclure hâtivement que la clause de préférence nationale, à première vue déterminante, est donc contournable si facilement. Et cela, même si Embraer semble l’avoir emporté, à première vue, contre son concurrent américain Hawker Beechcraft.


Rappel des faits : le 30 décembre 2011, l’USAF notifiait un contrat de 355 millions de $ pour l’acquisition (dans un 1er temps) de 20 appareils A-29 Super-Tucano. Le contrat inclut aussi le soutien (en particulier pour la formation et l'entraînement) et les opérations de maintenance.

Ce biplace léger dôté d’un unique moteur à hélices et développé par l’avionneur brésilien Embraer est principalement employé pour des missions d’appui-feu au sol et de reconnaissance ou renseignement.

Au moins, trois remarques peuvent venir relativiser aujourd’hui la description un peu trop simpliste d'un passeur de commandes, les États-Unis, enfin pleinement libéral dans les discours et dans les faits.

Lire la suite sur le Portail de l'IE.

Pour mémoire : plusieurs industriels dans le domaine aéronautique ont déjà par le passé réussi à prouver, par leurs succès, que la clause de préférence nationale en matière économique n'était pas non plus l'alpha et l'omega.

Par exemple, Eurocopter (grâce à une coopération avec Sikorsky Aerospace Services et via sa filiale America Eurocopter) a rempoté en 2006 un contrat pour l'EC145 en version militarisée, le UH-72 Lakota. Le programme se poursuit avec une récente commande de 39 appareils.

En bonus : comme dit dans l'article, Hawker Beechcraft ne s'avoue pas vaincu et tente en multipliant les recours de faire annuler la décision de l'USAF. Habituelle me direz-vous. Mais surprenant dans la forme quand c'est fait à l'américaine.

Ainsi, sur le site officiel d'Hawker relatif à l'appareil AT-6 un formulaire simple (un code postal suffit) est disponible pour contacter des membres du Congrès (5847 lettres envoyées à ce jour) ou du DoD (799 lettres envoyées).

Un dispositif 2.0 est déployé (Facebook ou Twitter au minimum) pour relayer les informations et appeler à contacter ses décideurs. Et quand un membre du Congrès (ici, celui du 2nd district de l'Arkansas) s'étonne de ce choix, ses remarques sont évidemment exhibées.

Dans le fond, les principaux arguments avancés sont : les bonnes capacités opérationnelles de l'appareil, la défense prioritaire de l'emploi local américain et les risques encourus d'un programme contrôlé par un Etat étranger, ici le Brésil. A suivre, le buzz prenant lentement...

samedi 14 janvier 2012

Le FELIN en Afghanistan : des raisons de se réjouir (et de douter ?)

Le système français du fantassin du futur FELIN est bien en Afghanistan : la preuve en images...

Casque caractéristique que, gilet de cette couleur, FAMAS relooké, nouvelles chaussures, etc. : pas de doute, c'est bien la première photo du système FELIN en opérations en Afghanistan qui a été posté sur le site Internet du ministère de la Défense.


FELIN pour Fantassin à Équipements et Liaisons INtégrés. En quelques mots, le système modulable et hyper connecté français du fantassin du futur. Système aujourd’hui projeté en opérations (sur un des théâtres d'opérations les plus contraignants), et c’est déjà en soit une avancée.

Avec le FELIN déployé depuis décembre 2011 dans le district de Surobi (nord-est de Kaboul) au sein du Battle Group Picardie (composé essentiellement du 1er régiment d’Infanterie), la France devient le premier pays à franchir le pas avec un système de cette génération.

Comme tous les programmes aussi complexes (et il s’agit pour l'armée de Terre réellement du début d’un véritable saut générationnel), les primo-essayants essuient les plâtres des imperfections, des bugs techniques ou informatiques et proposent les corrections à apporter (avec plus ou moins de succès).

Dans l'Histoire, des programmes aussi techniques n’ont-ils pas tous connu des problèmes similaires à leur entrée en servie opérationnel ? Que celui qui dit le contraire, jette la première pierre… Des réglages ont été faits et d'autres devront encore être faits sans aucun doute.

Quoiqu’il en soit, la France rentre bien en premier dans le cercle très fermé des armées ayant mené jusqu’à terme un tel développement ! Sa finalité étant bien d'être déployé...

Sur la cette seconde photo ci-dessous, des Sapeurs du Génie inspectent le terrain grâce à des détecteurs d'explosifs portables. Des Sapeurs sans doute (cela demande évidemment confirmation), puisqu’ils manient de tels appareils, d'une équipé EOD spécialisée. Il pourrait donc peut être des hommes du 3ème régiment de Génie, la composante Génie du BG Picardie. Ce qui voudrait dire que les membres du 1er RI ne seraient pas les seuls à le déployer d'ailleurs (mais aussi d'autres éléments de la Task Force La Fayette).


Eux aussi, ils sont équipés d’équipements du système FELIN. Les casques, les gilets et, grâce au zoom, apparement les FAMAS (caractérisé par une large poignée en dessous et l’absence de poignée au-dessus du canon comme sur les générations précédentes).

Certains notent que le FAMAS n’est pas équipé de l’imposante lunette optronique jour/nuit à large zoom qui est montrée comme une des plus values importantes du système FELIN. De simples lunettes EOTECH sont généralement visibles sur les rares photos publiées.

Il est vrai que cet élément n’est pas visible. Est-il non employé du fait de ses défauts comme le pensent certains ? Ou est-ce plutôt au nom de la modularité du système FELIN qui permet d’équilibrer selon la mission les équipements emportés ?

En effet, il existe au moins cinq versions de ce système : de la version ultra-légère à la tenue en ambiance NRBC. Chacune est caractérisée par un niveau d’équipements et des choix : lunette ou non, protection supplémentaire, système d’information, etc.

C’est bien cela la plus-value de ce système. En Afghanistan, est-il nécessaire de l’utiliser à fond (du fait de son poids mais aussi des missions menées) ? Ou est-ce que les lunettes EOTECH suffisent pour les éléments d’appui (généralement en photos) ?

La question reste ouverte (tranchée sur le terrain par les chefs). Dès les derniers exercices avant leur projection, les hommes du 1er RI n'utilisaient pas cette fameuse lunette ayant des lunettes EOTECH (peut-être achetées sur leurs deniers, plus sûrement en dotation pour les fantassins félinisés).

Quoiqu’il en soit, c’est au-détour d’une photo postée sur le site du MinDef que le FELIN a été montré en opérations pour la 1ère fois. Et non dans le cadre d'une campagne de com’ spécifique industriels/opérationnels. Dommage quand on sait qu’avec un tel système, la France est pionnière ! 

En comparaison, lorsque le Corps des Marines (USMC) utilise pour la première fois en Afghanistan un drone hélicoptère K-Max pour des missions de ravitaillement, les photos sont disponibles le surlendemain et les articles de presse pleuvent sur le sujet… 


Et ce n'est qu'un exemple du résultat d'actions bien loin de nos habitudes d'influence sans doute peu réactives… 

Alors, comme le pensent certains, est-ce parce que nous aurions à cacher de mauvais résultats ?

Si c'est le cas, pourquoi l'envoyer en Afghanistan et risquer la vie des hommes qui l'utilisent...

mercredi 11 janvier 2012

En 10 jours, l'armée nationale afghane a fait un sacré bond... (ou pas)


Le 02 janvier, le porte-parole du ministre de la Défense afghan, le général Zahiz Azimi, annonçait que les forces armées nationales afghanes n'étaient pas capables d'effectuer elles-mêmes des raids de nuit. Il manquait en particulier des hélicoptères de manoeuvre et des capteurs de renseignement.

Le 12 janvier, ce même porte-parole annonce que les forces armées nationales afghanes sont capables de mener de manière autonome ces opérations de nuit de fouille d'habitations, et cela sans les moyens de la coalition. Le seul frein à l'action des unités commando de l'ANA est pour le moment un ordre en ce sens du président Hamid Karzaï.

Sacré bond opérationnel en 10 jours... A moins que la communication sur ce sujet sensible (et régulièrement pointé du doigt pour les pertes causés) ne subisse quelques ratés...

lundi 9 janvier 2012

Café stratégique n°12 - GH Bricet des Vallons "Le capitalisme américain de guerre" (12/01/12)

Pour son douzième Café Stratégique, AGS reçoit Georges-Henri Bricet des Vallons sur le thème du capitalisme de guerre américain. En effet, les récentes opérations en Irak et en Afghanistan n'ont fait qu'exacerber une tendance historique lourde d'un appareil étatique américain tour à tour subissant, soutenant ou se recomposant sous l'impact de ce secteur privé.

Spécialiste français des Société Militaires Privées (SMP), Georges-Henri Bricet des Vallons est l'auteur, entre autres, d'un ouvrage remarqué sur les mercenaires en Irak (cf. fiche de lecture). Très prochainement docteur en Sciences Politiques, il est aussi chercheur à l'Institut Choiseul et auteur de différents articles dans des revues spécialisées (DSI, Sécurité Globale, etc.).

Nous vous attendons donc nombreux jeudi 12 janvier aux horaires et lieux habituels : Café Le concorde (233 bd Saint Germain dans le 6ème) de 19h à 21h. L'entrée est libre : premiers arrivés, premiers servis... A jeudi donc !

mercredi 4 janvier 2012

Deviens secrétaire à la Défense et toi aussi, tranche dans le budget...

Excellent exercice que nous propose de faire le New York Times via The Future Military : Your Budget Strategy. Il s'agit de faire votre choix parmi 38 propositions d'économies pour le budget de la Défense américain pour d'atteindre les 450 milliards de $ à économiser sur 10 ans.

Remarquable travail que le chiffrage des mesures et le listing en différentes parties : personnel, programmes d'armement, salaires, missiles et nucléaire, etc. Travail s'appuyant sur différentes études réalisées par les membres du Congrès, des journalistes, des think-tanks, etc.


Alors, et vous, seriez-vous un bon secrétaire à la Défense ?

Il doit être possible d'atteindre le chiffre en coupant dans les versions du programme F-35, en réduisant les redondances dans la communauté du renseignement, en supprimant de la masse salariale de civils, en enlevant un peu de couches dans la défense anti-missiles balistiques.

Et vous, serez vous un bon ministre de la Défense ?

Si il fallait faire des économies dans le budget français (il se pourrait que cela puisse arriver sous peu...) que feriez-vous ?

Passage d'une armée de Terre à 100 000 hommes (civils compris), une Marine à 30 000 et une armée de l'Air à 40 000 ? Suppression des avantages SNCF ? Mutualisation de la formation généraliste initiale des officiers des trois armées ? Interamisation des services de communication des armées et regroupement avec la DICOD et EMA/Com ? Mise sous cocon de la composante Air de la dissuasion nucléaire ? Eclatement des régiments par armes pour bâtir des GTIA permanents véritablement interarmes ? Regroupement de l'armée de l'Air et de l'aéronavale ? Création d'une unique filière drone au sein de l'armée de l'Air ?

Et plein d'autres idées vraiment pas toutes excellentes à première vue et sans doute ne menant pas forcément à des économies...

mardi 3 janvier 2012

Nouveau blog - Sun Tzu vu de France

Après les récentes listes bien fournies des camarades EGEA (Cyber liste de Noel) et Lignes Stratégiques (Blogs à signaler), un petit dernier pour un tour d'horizon complet.

Il s'agit de celui du chef de bataillon Yann Courderc, Saint Cyrien de son état et breveté de l'Ecole de Guerre, consacré à des études et réflexions sur Sun Tzu et son traité L'art de la guerre. Ou comment avoir accès facilement à des réflexions en français sur cet auteur peu traité dans l'Hexagone.
Vous l'aviez déjà lu auparavant sur EGEA (De la différence d'application entre Sun Tzu et Clausewitz) ou sur celui d'un de ses camardes, l'Echo du Champ de Bataille, pour remettre les pendules à l'heure (Vous reprendrez bien un peu de Sun Tzu ? Ou un bel exemple du scepticisme à avoir vis-à-vis d'Internet).

Et maintenant, en plus de le suivre sur Twitter à @SunTzu_France, vous pourrez lire ses articles sur l'omission volontaire ou non par Sun Tzu du milieu maritime ou sur le paradoxe du travail bien fait. A suivre et à soutenir pour que l'aventure et la découverte partagée se poursuive.

lundi 2 janvier 2012

Madame Irma et l’année 2012 (+MAJ)

Alors que débute l’année 2012, et avec peut-être autant de "succès" que pour l’année 2011, voilà les prévisions météorologiques issues de la boule de cristal de Madame Irma. Elles sont évidemment plus justes que celles de la DAS, de l’IRSEM, de l'ancien Centre d’Analyse et de Prévision du Quai d’Orsay ! L’année 2012 sera stratégique ! Ou ne le sera pas…
- l’effet domino des recompositions arabes n’est sans doute pas terminé (le terme de printemps semble trop storytellé, et aujourd’hui apparemment inapproprié). En plus de la Syrie ou du Bahreïn, d’autres bouillonnements internes pourraient apparaître, plus ou moins liés entre eux : de l’Asie Centrale à l’Amérique du Sud. De magnifiques terrains d'opportunités pour des acteurs extérieurs...

- alors que tout le monde nous bassine les oreilles avec l’Asie, le déplacement du centre de gravité du monde vers cette région, et j’en passe, l’Afrique devrait être, à nouveau, un point focal de l’action internationale, au moins de celle de la France. Du Sahel, dans son acceptation la plus large large (c’est à dire de la rive Ouest à la rive Est), à des ensembles sous-régionaux plus au Sud.

- en Afghanistan, le mouvement de « partir sans s’enfuir » devrait s’accélérer à grands coups de justification budgétaire, de communication ou autres. Il n’y a guère que la Géorgie pour avoir la présence d’esprit de passer pour le bon élève du moment en renforçant encore récemment son dispositif. L’Afghanistan pourrait disparaître des écrans radars sous le double effet du désintérêt médiatique et d’une volonté politique.

- parmi les nombreuses échéances électorales à suivre, celles en Inde, en Chine, en France et aux Etats-Unis devraient focaliser nos attentions. Sans prévoir le résultat final, ni faire l’oiseau de mauvaise augure, il est fort probable que des contestations (plus ou moins violentes, et plus que moins d’ailleurs) des résultats voient le jour. Et cela, quelque soit d'ailleurs le résultat final des urnes.

- même si aujourd’hui, l’incertitude demeure sur le réel degré de remise à jour, le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale sera modifié (suivi d'ailleurs par celui de notre Politique Extérieure ? et celui du ministère de l'Intérieur pour un peu de cohérence ?). Cela pourrait passer de la description de l’état du monde niveau 1ère année de Sciences Pipo (cf audition du SGDSN) à la définition d’un projet et d’un état du monde que nous voulons façonner (cf. pour une vision plus aboutie le travail parallèle des Sénateurs).

- entre autres pour ces raisons et pour de multiples autres, 2012 sera une année riche en débats. De nouveaux concepts verront donc le jour : normes du dialogue à valeur politique autant que technique. Notons pour s'éveiller les papilles intellectuelles, la proposition des Sénateurs « d’aires d’investissements majeurs » (AIM ?) pour remplacer celui « d’arc de crise ». Ou celui de « resymétrisation » par Etienne de Durand (IFRI) qui montre, au passage, l’inutilité (au moins aujourd'hui) des qualificatifs de symétrique, asymétrique et dissymétrique pour décrire les affrontements.

Alors en 2012, une excellente année pour vous ! Et soyez surs, avec l’année chargée qui s’annonce, ce blog ne devrait pas baisser le rideau, dès lors que mes obligations me permettront de continuer cette aventure. Il faudra encore me supporter...

MAJ 1 : merci à Anonyme de signaler que le CAP n'existe plus et qu'il a été remplacé par une direction de la prospective