dimanche 5 février 2012

Embraer vs Hawker : l'infoguerre continue !

En Janvier, j'avais rédigé un article à propos de la bataille que se livrait Hawker Beechcraft et Embraer au sujet de l'attribution du contrat Light Air Support (LAS) : 20 appareils légers pour des missions l'appui-feu au sol et du renseignement (3 années de soutien et des facilités pour la formation)..

L'US Air Force notifiait fin décembre 2011 ce contrat à Embraer et à l'entreprise américaine associée, Sierra Nevada Corporation, pour environ 355 millions de $. Ce que conteste Hawker Beechcraft, dès les 1ères décisions qui l'écartent du contrat, via un appel (rejeté depuis) auprès du Governement Accountability Office (GAO) puis une plainte à l’US Court of Federal Plaints.

Hawker ne lâche rien...

En plus de cette action en justice, Hawker multiplie les recours en mobilisant les élus locaux concernés par les emplois potentiels et même la société civile via un site web dédié qui permet d'envoyer au Département à la Défense et à chacun de ses élus une lettre leur demandant d'agir.

Depuis le 15 janvier, le nombre de lettres envoyées aux membres du Congrès est passé de 5.900 à 16.000, et au DoD de 800 à 2000. Cette mesure connait donc un succès certain, autant que relatif, ce qui oblige Hawker à poursuivre ses autres efforts de mobilisation.

S'appuyant sur le traditionnel discours sur l'état de l'Union prononcé le 24 janvier par le président Obama, Hawker a rappelé dans un communiqué l'écart entre le discours (préservation des emplois, gestion du budget public, réindustrialisation, etc.) et la décision prise sur le LAS.

Sierra Nevada Corporation contre-attaque!

Sierra Nevada Corporation (SNC) n'a pas hésité à contre-attaquer dans cette guérilla informationelle en décryptant point par point la ligne de défense d'Hawker. C'est donc un communiqué de presse ultra-didactique dans la forme et précis dans le fond qui a été publié.

SNC rappelle ainsi que son produit est déjà "combat proven", que 88% de la valeur de l'appareil proviennent de composants fournis par des entreprises américaines, que des emplois vont être créés grâce à ce contrat, qu'aucun emploi ne sera créé au Brésil, etc.

Plus fort, SNC rappelle qu'Hawker Beechcraft qui se drape dans la bannière étoilée est en fait détenu par une entreprise canadienne, Onex, et une banque d'investissements à la réputation sulfureuse, Goldman Sachs. Comment discréditer son adversaire...

L'US Air Force aimerait bien que cela cesse

Et pendant ce temps là, le "stop-work order" prononcé lors de la plainte en justice d'Hawker se poursuit et le client final, l'armée de l'Air afghane, attend toujours ses appareils. Et risque d'attendre encore plusieurs mois...

Récemment, un "fact sheet" édigé par l'USAF aurait circulé au sein du Congrès. Cette fiche d'information reprent les conclusions du Governement Accountability Office ou GAO saisit par Hawker dès novembre 2011 et explique les raisons du choix de SNC.

L'US Court of Federal Plaints doit se prononcer sur la validité du contrat le 6 mars 2012, faisant espérer les premières livraisons au mieux en avril 2013. Quand on sait à quel rythme la transition s'accélère en Afghanistan, il serait bien que les appareils n'arrivent pas trop tard.

Même que George Soros serait dans l'affaire!

Encore plus fort dans cette guérilla, est l'arrivée de George Soros, millionnaire et financier américain bien connu, souvent critiqué comme un spéculateur sans scrupule, et politiquement, plutôt pro-Obama et anti-Bush.

Un profil parfait pour bâtir une rumeur dont le Wall Street Journal s'est fait écho, mais qui a été démentie depuis. Soros aurait été, selon la rumeur, le grand gagnant. Or, si l'homme a bien investi 1 milliard de $ dans la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras, pas un $ ne l'a été dans Embraer.

George Soros, un soutien d'Obama, un contexte de campagne présidentielle, des primaires républicaines dans certains États concernés par ce contrat : sans certitude, mais il y a tout de même de sacré raison de croire que le contexte politique aide à bâtir de drôles de filiations.

A suivre...

1 commentaire:

Frédéric a dit…

Pour gagner un contrat, il faut plus désormais plus d'avocats que d'ingénieurs.... Gros soupir..