lundi 28 novembre 2011

Les Présidentielles sabre au clair : le Parti Socialiste (+MAJ 1 + 2)

Suite de la série "Les Présidentielles sabre au clair" sur les programmes Défense des partis des présidentielles de 2012, des brefs commentaires rédigés selon les perceptions de l'auteur. Pour rappel, les deux épisodes précédents étaient consacrés au Modem et au Front National. Les différents partis politiques analysés peuvent envoyer un droit de réponse ou un commentaire qui seront évidemment publiés. En attendant : Sabre au clair, chargez!

S'attaquer au décryptage de la partie Défense du programme du PS, c'est partir dans une aventure indécise à la recherche de documents représentatifs et de déclarations. Pour ces dernières, sur la Défense, il y en a peu de significatives. Pour les documents, c'est actuellement un peu compliqué.

Il y a bien un "Projet socialiste 2012" avalisé par le PS. Mais voilà, que le candidat désigné par les primaires s'en détache sur bon nombre de propositions. Quant à l'accord entre les Verts et le PS, bien difficile de savoir ce qu'il représente depuis que phrase après phrase, chacun des partis revient dessus. Une simple tentative de conciliation morte-née ?


Ne cherchez pas sur le site du Parti Socialiste une rubrique "Défense" ou apparentée, il ne semble pas en avoir...

Donc revenons tout de même à ce que l'on a. Les propos suivants seront à mettre à jour (comme d'ailleurs tous les autres épisodes...) avec les futures propositions de l'équipe du candidat, cornaquée pour la partie Défense par Jean-Yves Le Drian. En espérant que derrière cette nomination, des réflexions suivent (cf. l'action du Mr Défense du Modem).

Le Monsieur Défense est un élu lorientais (un bon point), ancien membre de la Commission de Défense à l'Assemblée (un autre bon point) et secrétaire d'Etat à la Mer. Par ses engagements passés et actuels, il pourrait avoir plus qu'un certain tropisme naval. La Marine pouvant être au centre des propositions (comme au FN cf. épisode précédent) et une forte accointance européenne pourrait se dégager.

A l'étude du Projet Socialiste, on notera que la 1ère occurrence sur la Défense est relative aux emplois de ce secteur technologique précis qu'il est nécessaire de préserver. Une importance accordée à ces emplois que l'on relèvera d'ailleurs chez plusieurs partis avec plus ou moins de force. Tout aussi symbolique, la 2ème occurrence sera réservée à l'Europe de la Défense.

Puis arrivent, dans le premier tiers (et non tout à la fin) du document, les paragraphes consacrés à cette thématique. Une grosse demi-page sur un document de 57 pages. A première vue, l'analyse est sérieuse et au bon niveau (ne se perdant pas dans les détails) bien qu'elle élude sans doute quelques questions. Une première approche, j'espère...

On notera que le rôle du Parlement devrait être renforcé, dans la continuité de premières mesures, il est vrai plus symboliques qu'autres choses, prises durant l'actuelle présidence. Bien plus que l'OTAN, l'Europe est bichonée en particulier l'Agence Européenne de défense (AED) dont le PS aimerait bien voir le rôle réévalué. La France n'étant pas seule sur l'affaire à décider...

Le paragraphe ayant trait au désarmement traite à la fois du désarmement nucléaire "universel, progressif, négocié et efficacement contrôlé" (chaque terme doit être pesé) et de celui des armes légères qui alimentent "les économies mafieuses". Drôle de juxtaposition dans la continuité d'un paragraphe qui jongle entre outil de Défense et sécurité...

Une dernière sous-partie traite de l'action contre le terrorisme via un dispositif moderne de protection du territoire (couplé à une action sur les raisons du terrorisme). Or à la vue des résultats actuels du dispositif est-ce le bon axe d'effort ? N'est ce pas plutôt la protection de nos intérêts à l'étranger dont il faut se préoccuper ? Emprises, ressortissants, entreprises...

Enfin, pour le déclaratoire, comment ne pas rappeler la grande braderie (de Lille ou de Solférino) que consiste la course à celui qui retirera le premier le contingent français d'Afghanistan ? Six mois après les élections, d'ici 2013, etc. Le Mamouth rappelait la difficulté sur le plan pratique, "petit détail" qui ne doit pas cacher des questions plus stratégiques...

Aux résultats, on attend évidemment dans les mois à venir sans doute plus (et sans doute mieux diront certains). Le PS dispose pour cela de grognards de ces affaires de Défense. Il ne faudrait pas cependant que certaines marottes (Europe ou autres) monopolisent l'attention, faisant oublier d'autres problématiques (les Hommes de la Défense, les ambitions, etc.).

MAJ1 : pas un mot sur le rapprochement qui s’opère vitesse grand V au niveau opérationnel et un peu moins (c'est un euphémisme) au niveau industriel entre le Royaume-uni et la France. Par contre, il est noté que la France et l'Allemagne doivent donner l'impulsion pour l'Europe de la Défense.

A lire aussi le paragraphe sur la relégitimation de l'ONU qui passe par un élargissement du Conseil de Sécurité (sans doute à de nouveaux membres permanents donc) à l'Allemagne, au Japon, au Brésil, à l'Afrique du Sud et à un mystérieux pays du monde arabe. Le choix est large pour ce dernier...

MAJ2 : au passage, je rappelle que le groupe socialiste du Sénat est le seul à faire un effort d'information en envoyant les points de vue et déclarations de ses membres sur les sujets de Défense à plusieurs blogueurs.

Le dernier mail vient d'être reçu sur les questions des coûts engendrés par l'acquisition supplémentaire par la France de 16 Rafale pour continuer à faire tourner les lignes de production en attendant une éventuelle commande à l'export...

C'est un peu tirer sur l'ambulance (dans ce cas précis Dassault, qui est bien à la peine) mais c'est aussi rappeler à juste titre que les frais engendrés ne serviront pas à d'autres acquisitions sans doute plus urgentes...

3 commentaires:

Pierre Bayle a dit…

Sans vouloir empiéter sur les commentaires éventuels et souhaitables du PS à ce papier très objectif, quelques commentaires perso :

1 - aux dernières présidentielles, les experts de l'UMP et du PS avaient apparemment "tricoté" ensemble pour éviter que leurs candidats mettent à mal le consensus national ou prennent des positions hasardeuses sur des problèmes de défense qui sont forcément au-dessus des bagarres politiques. Le seul "affrontement" avait été sur la connaissance du nombre effectif de SNLE à la mer, donc pas de dommages collatéraux.

2 - Il n'y a sans doute pas de précipitation du PS à vouloir sortir d'Afghanistan, mais une conscience partagée des deux côtés que le retrait risque d'être bousculé en 2012 par les contingences budgétaires et électorales américaines. Ce n'est pas de la démission mais un minimum de lucidité, sur lequel les deux camps ne devraient pas s'affronter.

3 - La référentiel européen pourrait être le vrai élément clivant : pour l'instant on assiste à des alliances tactiques bilatérales qui se succèdent ou s'empilent sans logique de durée ; un coup c'est le franco-britannique, après c'est le franco-américain, puis le franco-allemand. Une politique déclamatoire et de dispersion, qui gagnerait en cohérence en instituant un dialogue permanent parmi les principaux acteurs européens de la défense.

Cordialement.

F. de St V. a dit…

Merci pour votre commentaire.

Papier objectif, je ne sais pas. Papier écrit à la lumière de mes attentes sûrement. Et papier commenté, je l'espère.

Pour le consensus national, cf la vidéo (un peu longue à visualiser , j'en conviens) de François Hollande qui relève, avec justesse, cette absolue nécessité.

Espérons que la volonté de ne pas briser le consensus ne soit pas la raison de ne pas se préoccuper de ce domaine.

Pour le Point 1, le débat sera encore risqué avec en parallèle la mise à jour/révision ou autres du Livre Blanc, et la marge de manœuvre en conséquence réduite. La délimitation de la zone couverte par les projets présidentiels et par le Livre blanc étant un peu brumeuse dans les faits.

Pour le Point 2, j'aimerais être aussi sûr que vous que l'accélération du mouvement de "partir sans s'enfuir" soit du aux contingences US (et donc on s'en va tous ensemble dans un semblant de coordination). Et en même temps, se dire que c'est encore les contingences US qui nous guident, me désole...


Pour le point 3, comment ne pas être un minimum d'accord avec votre avis. Simplement, et comme vous le dites pour l'Afghanistan, pouvons nous avoir la patience, alors que les contraintes sont fortes, de patienter et d'attendre le bon vouloir de tous. La lucidité ne serait-elle pas d'aller de l'avant avec les volontaires immédiats ?

Notons enfin que parmi les propositions du Projet, la mise en place de la structure opérationnelle (ou des structures) ad hoc et non permanente de commandement à l'échelle européenne semble acquise depuis quelques heures. A vérifier mais le PS pourra peut être dire qu'un de ses projets est appliqué même sans être élu... c'est aussi ça le consensus

Tanguy a dit…

Ceci dit on voit bien sur une récente passe d'armes sur les drones au sénat que la défense, en 2011, peut sublimer les clivages partisans habituels, même s'il ne faut pas exclure des réglements de comptes...
Autre exemple, à l'assemblée, c'est un député PS qui est à l'origine d'amendements pour booster le rétrofit du Mirage 2000D, ou faire avancer le MRTT.
N'oublions pas non plus que c'est un mindef ps qui a créé quelques utiles organismes interarmées (DRM, COS, etc).
Gare aux miroirs aux alouettes (le PS est comme ci, l'UMP est comme çà...). Les détails sont souvent plus complexes ! Même si je pense que ton exercice de lire les (non-) programmes des partis en matière de défense est un exercice louable.