lundi 21 novembre 2011

Kapisa et possible reprise en main américaine : et si certains n'attendaient que ça ? (MAJ)

Philippe Chapleau de Lignes de Défense pose ce soir une question intéressante sur l'opération française en Afghanistan. Alors que la situation semble se dégrader sous certains aspects dans la zone française, les Américains ne seraient-ils pas tentés de reprendre la main ? Ils avaient menacé de le faire par le passé et ils l'ont fait aux Anglais dans l'Helmand (au sud).

Mais finalement, est ce que ce cas de figure ne satisferait pas tout le monde ? Les Français qui n'ont plus la niak (et à qui on a ordonné de ne plus l'avoir) et les Américains qui ne veulent pas de demi-opérations par des contingents "cloitrés" dans leurs bases par des restrictions d'emplois plus politiques que techniques.

En particulier suite aux mesures prises après la rude succession de morts français cet été.

Pas si simple, car pas sur que cette possible reprise en main soit possible en ressources. Voici donc quelques commentaires (tactiques, politiques et autres) très à chaud. A vous de faire le tri, c'est hautement critiquable et peut être infondé, donc à vos commentaires...


Kapisa et RC- East

En effet, pour le Regional Command - East (RC-E) dont les Français dépendent, les Américains jouent actuellement un jeu compliqué de stratégie en enlevant, bougeant et repositionnant un paquet de troupes (une compagnie de l'US Amry et ses appuis par ici, une compagnie par là).

L'effort sur la réduction de la liberté de manœuvre des réseaux, dont Haqqani, mobilise les efforts. Un effet Petraeus que de s'intéresser d'ailleurs en "priorité haute" à ces Messieurs ?Avec pour cela un emploi conjoint de forces spéciales et d’unités conventionnelles à la manœuvre pour faire bouger et permettre de repérer les membres de ces réseaux.

Les ressources mobilisées sont surtout des appuis (surtout aéro pour l'appui feu au sol et de l'artillerie) afin que les compagnies américaines terrées dans leurs FOB perdues au milieu des montagnes puissent enfin sortir. Mais aussi des troupes de réserves qui sont donc prélevées ici ou là pour mener ces grandes opérations dont l'ISAF fait tant de pub ces derniers jours.

Donc, je ne sais pas si les Américains ont du rab' à envoyer en Kapisa actuellement.

Et pourtant...

Les échos partiels obtenus (moins on parle de l'Afghanistan plus le pouvoir politique français est content...) sur l'activité des troupes françaises en Kapisa laissent penser que l'éventualité est possible.

Car au niveau des militaires français, ce n'est pas loin du "zéro activité" (et pas que dans les communiqués bijournaliers de l'ISAF qui depuis plus de 45 jours ne font plus jamais écho une seule fois d'une quelconque activité dans la zone de responsabilité française : vous pouvez vous amuser à tous les lire pour vérifier...).

Ainsi, en zone française, l'escorte des convois, en particulier au profit de l'ANA et de ses postes érigés en nombre lors des mandats précédents, mobilise les énergies. Rien que de tenir l'Axe Vermont qui traverse la Kapisa du Nord au Sud demande beaucoup de ressources.

L'instruction des unités afghanes se poursuit néanmoins, dans les FOB ou aux alentours (presque comme les Allemands à une certaine époque et que l'on moquait tant pour leur retenue au combat...).

Et l'attente devient encore plus le premier mal du soldat français...

Surtout lorsque pendant six mois de Mise en Condition avant Projection (la période d'entraînement avant le départ), les militaires ont été préparés, en particulier mentalement, à aller au carton, à mener des opérations de cordon & search dehors, des infiltrations, répondre à des embuscades, etc..

Car si la posture est passée peu à peu du sous- GTIA (Groupement Tactique InterArmes) en 1ère ligne (l'armée afghane derrière), au GTIA côte à côte avec les soldats afghans, aujourd'hui le GTIA est pas loin d'être derrière. Est-ce une vraie réussite ? Oui, car les soldats afghans font preuve de plus de professionnalisme que par le passé et peuvent jouer en partie le 1er rôle.

Non, car quasiment seuls les appuis bossent (gestion de la 3D, controleurs aériens, observateurs d'artillerie, renseignement, commandos parachutiste ou de montagnes, etc.). Mais le gros des troupes est surtout cantonné dans les baraquements.

Alors pour éviter un "nervous breakdow" (lisez certaines réactions à chaud de gars là-bas...), pourquoi ne pas faire passer l'ensemble sur des modèles de formation à l'armée afghane ? Et non réduire comme c'est le cas les OMLT et les formateurs d'Epidote qui forment le gros des premiers rapatriements...

Si jamais nous restons à effectifs constants (3 800 puis 3 600 puis etc.), il sera toujours possible d'envoyer quelques formateurs dans des unités afghanes non encore conseillées/encadrées et situées à quelques encablures de là, toujours dans le RC-E. Et il y en a qui en auraient besoin...

Mais c'est un autre débat car le risque est finalement bien trop grand, militairement parlant, mais surtout politiquement. Vous avez vu comme tous les programmes politiques abordent la question de l'Afghanistan pour les présidentielles de 2012 ? Ainsi, cela serait presque bien pour certains que les Américains reprennent la main, une épine en moins. Mais pas pour tous.

MAJ1 : ces quelques lignes auraient laissé penser à certains que le travail fait au prix du sang et l'engagement payé par des morts et des blessés des militaires sur place étaient remis en cause. Soyez certains qu'il n'en est rien et que mon propos n'est pas de critiquer leur action.

Plus que jamais en ces temps de difficultés, Mars Attaque s'associe à l'opération Nuntius Belli lancée par Theatrum Belli. A Noel, comme tout au long de l'année, ceux qui sont là-bas ont besoin de nous. Soldats, nous ne vous oublions pas !

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