jeudi 13 octobre 2011

Des guerres picrocholines? Kesako?

"Face aux puissances américaine, chinoise et indienne, l’Europe apparaît morcelée, se livrant à ce qui, vu de Pékin, doit ressembler à des guerres picrocholines"
Amiral Édouard Guillaud, chef d’état-major des armées

L'audition le 05 octobre 2011 du CEMA par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée Nationale mérite d'être lue avec le plus grand intérêt. Quelques informations nouvelles, des confirmations de bruits de couloirs et le renforcement de tendances y sont explicitées.

Interpellé récemment par le député Mourrut, un brin provocateur, à propos d'un possible conflit avec la Chine, l'amiral Guillaud s'est voulu rassurant tout en insistant sur le fait que les actuelles tensions en Mer de Chine méridionale pouvaient rapidement avoir des répercussions sur l'Océan Indien où la France dispose d'intérêts à défendre.

Il a rappelé que face à l'unité stratégique (buts, voies moyens) qu'incarnaient la Chine et dans un moindre mesure l'Inde ou les États-Unis, l'Europe semblait bien faible, agglomérat désuni qui donnait au monde une image peu à même d'incarner la puissance qu'elle se revendique d'être. Quand le paraitre est parfois tout aussi important l'être en relations internationales.


Le CEMA a alors employé l'expression de "guerres picrocholines" pour décrire les querelles que connait l'Europe et qui lui nuissent. Interpellé par ces mots, mon ignorance totale de la signification m'a obligé à faire quelques recherches sur ce qualificatif peu employé. Et qui finalement correspond pas mal à la situation.

L'adjectif "Picrocholine" vient donc de Picrochole, roi de Lerne qui s'oppose à Grandgousier le père du géant Gargantua dans le roman de François Rabelais. Pour une dispute lors de l'achat de fougasses (je ne veux pas t'en donner, mais si donne, et puis en fait non, etc.) entre des gens de Lerne et ceux du terroir de Grandgousier, le ton monte, les troupes sont mobilisées.

Du fait du caractère belliqueux de Picrochole, va-t'en-guerre pour un rien, le conflit éclate. Moultes péripéties suivent entre tentatives de paix, batailles épiques, reprises des hostilités pour une autre futile raison, et finalement fuite de Picrochole alors que ses troupes sont noyées peu glorieusement dans l'urine du cheval géant de Gargantua.

Je ne sais pas jusqu'à où il est possible d'en faire une métaphore filée avec la situation que connaît actuellement l'Europe, les débats, pinailleries et récriminations, mais quoiqu'il en soit, merci Amiral, je me coucherais moins bête ce soir grâce à vous!

PS : et pour la route, juste un chiffre et une anecdote trouvables parmi d'autres dans cette audition.
"Pour la zone française [en Afghanistan] : 600 soldats et policiers [afghans] il y a cinq ans, 3 000 aujourd’hui"
"La semaine dernière, un véhicule espagnol ayant dépassé de 500 m la zone de la FINUL a immédiatement été encerclé par des 4x4 aux vitres fumées ; des civils en armes en sont sortis et ont volé aux soldats leurs papiers, leurs cartes, leurs radios… effets qui leur ont été rendus cependant le lendemain"

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