lundi 6 décembre 2010

Wikileaks et le professionnalisme des diplomates

Alors que de nombreuses analyses publiées récemment ont tendance à dénoncer l'attitude des diplomates américains, un intéressant point de vue essaye de prouver le contraire et de démontrer leur professionnalisme.
Though embarrassing to American diplomats, the cables are valuable precisely because are filled with astute, well-informed assessments of world leaders and geopolitics. For the first century of U.S. history, the consular service was a haven for corruption, in which diplomats were typically elite, self-interested merchants. This mattered because illegal trade and warfare could generate hefty profits for American diplomats and their allies, even as they threatened U.S. national security [...].

Had State Department missives been leaked during the first century of the American republic, they would have revealed more about their authors' ambitions than about statecraft. Today's dispatches are unsettling, not because they reveal personal corruption, but because they demonstrate accurate, insightful, professional judgment. In other words, their authors are guilty of that unforgivable sin of politics: honesty.
Même si cette analyse peut être jugée partielle devant la teneur de certains télégrammes diplomatiques, elle a pour mérite de ne pas crier au loup alors qu'il n'y a pas de véritables raisons de dénoncer l'attitude des diplomates américains.

Pour mémoire, les fonctions d'une mission diplomatique sont clairement définies par l'article 3 de la Convention de Vienne sur les relations internationales du 18 avril 1961. Cette définition ne me semble pas en opposition avec l'attitude tant décriée de ces diplomates américains...
Les fonctions d’une mission diplomatique consistent notamment à :
a) Représenter l’État accréditant auprès de l’État accréditaire;
b) Protéger dans l’État accréditaire les intérêts de l’État accréditant et de ses ressortissants, dans les limites admises par le droit international;
c) Négocier avec le gouvernement de l’État accréditaire;
d) S’informer par tous les moyens licites des conditions et de l’évolution des événements dans l’État accréditaire et faire rapport à ce sujet au gouvernement de l’État accréditant;
e) Promouvoir des relations amicales et développer les relations économiques, culturelles et scientifiques entre l’Etat accréditant et l’État accréditaire.
Merci à Laurent pour la source.

2 commentaires:

AF_Sobocinski a dit…

Bonsoir.
Si les diplomates sont effectivement et même par essence des agents/officiers de renseignements, ils ne sont pas sensés récupérer certaines données personelles sur les dirigeants étrangers qui n'ont rien à voir avec les "conditions et de l’évolution des événements dans l’État accréditaire", surtout si cette récupération d'information est ilicite, ce qui relève de l'espionage.
Informations que les diplomates étatsuniens devaient récupérer sur Ban Ki-moon : Les rapports doivent inclure les informations suivantes, précise la directive : noms, titres et autres informations contenues sur les cartes de visite ; numéros de téléphone fixes, cellulaires, de pagers et de fax ; annuaires téléphoniques et listes d'emails ; mots de passe internet et intranet ; numéros de cartes de crédit ; numéros de cartes de fidélité de compagnies aériennes ; horaires de travail…

F. de St V. a dit…

@AFS:

Je comprends et reçois comme valable votre scepticisme par rapport à mon jugement catégorique sur l'attitude de ces diplomates et sur la valeur des informations recherchées.

Néanmoins, la grande majorité des informations demandées peut être, à mon sens, récupérée de manière licite, sans aller à l'encontre de la juridiction.

On parle alors d'information grise (en opposition à l'information blanche accessible par tous et à l'information noire protégée par le secret) : c'est une information acquise de manière indirecte ou détournée mais non illégale.

La distinction est subtile, j'en conviens, mais ne me semble pas aller à l'encontre des pratiques diplomatiques.

Article sur la finalité de ces pratiques