mercredi 1 octobre 2008

La dernière solution à la mode.

« Aujourd'hui, il faut essayer de négocier. Il n'y a pas d'autre issue. Les talibans ne peuvent pas gagner la guerre contre l'OTAN, qui est tout aussi incapable de les éradiquer. » C’est par cette phrase dans un article du Monde en juillet 2008, que Gérard Chaliand, grand connaisseur français des mouvements de guérillas, proposait une solution au problème afghan.

Alors que l’on parle de plus en plus de contacts entre un représentant des Taliban et l’Arabie Saoudite comme intermédiaire, que le mollah Omar promet "Je le dis aux envahisseurs: si vous quittez notre pays, nous garantirons votre sécurité." (le monde à l’envers ceci dit en passant), une dépêche du jour, de l’AFP annonce que « la France est favorable à l'offre de dialogue du président afghan Hamid Karzaï aux talibans, tout en estimant qu'il faut nouer des contacts avec les "nationalistes" mais exclure les "partisans du jihad", a déclaré aujourd'hui le chef de la diplomatie Bernard Kouchner. »


La dernière issue possible et honorable serait donc de parlementer avec les Taliban. Aujourd’hui présenté comme LA solution miracle après la destruction de l’organisation Al-Quaeda, l’élection d’un nouveau gouvernement d’unité nationale, l’afghanisation du conflit avec la montée ne puissance des forces afghanes, cette proposition commence à trouver un large écho dans la presse et au sein des chancelleries occidentales apparemment.

Mais comme le rappelait justement notre Ministre des Affaires Etrangères, sous l’appellation Taliban que l’on donne à un ensemble hétéroclite, se cache un ensemble très variés de destins collectifs pour ne pas dire individuels. Le ou les représentants des Taliban avec qui on se mettrait à la table des négociations, représenteraient-ils l’ensemble des factions ethniques (pachtoune et autres), des seigneurs de guerre, des mouvements internationaux… Quelle portée auraient l’entérinement d’un ensemble de décisions ? Les avantages de beaucoup dans cette guerre les pousseraient-ils à arrêter le combat ? Après avoir montré les insurgés comme un bloc unique composé de terroristes, la réalité des contestations locales ou nationales s’y est ajoutée.

Ensuite que demander et comment le faire ? Il faut rappeler que l’intervention en Afghanistan que l’on soit pour ou contre, a été faite suite à des décisions occidentales. Donc partir sans une avancée majeure (la chute du régime de Taliban pourrait être une parenthèse de 10 ans…), serait alors un cuisant échec stratégique en plus d’un recul sur le plan opérationnel. Lorsque l’on négocie, on a quelque chose à mettre dans la balance (comme une guérilla aux capacités militaires quasiment réduite à néant) et que l’on est en position de force (et dans ce cas là, la supériorité aérienne ne sert pas). Y aurait-il des négociations dissymétriques à venir ?

Les solutions uniques mises en avant par les moyens de persuasion modernes (médias entre autres) ne doivent pas cacher la réalité qui demande un ensemble de solutions partielles mais indispensables pour résoudre un problème. Mais il faut bien commencer par quelque part. Il faut le faire pleinement et utiliser toutes les solutions possibles, pour qu’un engagement partiel sans volonté ne se retourne pas contre nous car il y a rarement un équilibre ou une stagnation. La situation allant toujours en faveur d’un des deux camps.

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