samedi 16 août 2008

L’université en France et les questions de Défense.

Quelques réflexions en vrac sous le soleil breton après la lecture des quelques lignes consacrées à ce sujet dans le Livre Blanc (page 304 et suivantes, c'est lisible à la palge) sur un sujet que je connais un peu du fait de mes 4 ans d’étude au sein du système français.

Pour résumer brièvement la situation actuelle, la formation et la recherche sur les questions de Défense se retrouvent dans trois grands domaines des Humanités et des Sciences sociales : l’Histoire (pour les 4 grandes périodes historiques ancienne, médiévale, moderne et contemporaine), les Sciences Politiques (Relations Internationales comprises) et les Sciences Juridiques (Droit des conflits ou des Institutions). Ces enseignements sont dispensés dans quelques centres comme à Montpellier, Lille, Paris (La Sorbonne ou Assas) et sa proche banlieue (Marne la Vallée ou Créteil) ainsi que dans la plupart des Institut de Sciences Politiques de Paris ou de province (Aix en Provence par exemple).


Malgré la présence d’organismes centralisateurs de haute renommée permettant de donner une certaine unité à l’ensemble comme l’IHEDN ou par les contrats Défense-université au sein du CAJ ou Comité Armées Jeunesse, l’éparpillement, nuisant bien souvent à la qualité et à la reconnaissance, est une des premières caractéristiques observables. La volonté de créer un pôle d’excellence pour une future école doctorale de niveau européen (avec un réseau de partage scientifique) à même de lutter contre une mauvaise reconnaissance internationale des enseignements français pourrait être une sage décision.

Les modalités précises (où, par qui, comment, avec quoi…) restent à définir pour en connaitre alors l’application. De la même façon que pour beaucoup de propositions du Livre Blanc, un apport qui semble positif, dont il faut attendre avec pragmatisme la réalisation. La volonté manuscrite est bien souvent unanime. Il faut pourtant attendre la concrétisation pour ainsi voir le réel degré d’intéressement.


Quand on regarde ensuite les intitulé des Masters et dans un cadre typiquement français, loin d’une des préoccupations des étudiants, les diplômes professionnalisant à haute valeur ajoutée sont encore trop rares même si un réel effort est à noter. Ce refus de délivrer des diplômes sur ces thématiques (par une étude transversale ou comparative selon les époques ou les disciplines, ou de façon uni-disciplinaire) marque de façon visible la résistance de certains présidents d’universités, responsables du choix des enseignements d’accepter certains Séminaires ou sujets de TD par rapport à des intérêts plus prononcés pour des questions sociales, culturelles ou civiles. Cela serait prêcher à des convertis que de rappeler l’importance de l’étude et de la formation d’étudiants (pour certains les dirigeants et décideurs de demain) sur ces thématiques utiles pour la compréhension du présent et du futur, pour préparer l’avenir et le dénouer. La Défense doit gêner par les images que cela véhicule (sang, tués, armes, absence de paix, destructions, régimes autoritaires, dérives,…).

On en revient alors bien souvent à devoir se débrouiller en se raccrochant aux enseignements proposées sur les problématiques les plus proches bénéficiant d’une autonomie totale (avec des lectures personnelles qui tiennent plus de la passion que de l’étude dirigée) sans beaucoup d’encadrement (à part par la cooptation familiale ou relationnelle) pour arriver, sans passer par les instituts privés coûteux, à un niveau crédible. Dans un milieu aussi fermé, discret et suspicieux qu’est le milieu militaire par l’importance des sujets traités, cela reste toujours aussi délicat. Le fleurissement d’études publiques, le développement d’outils sur Internet (sites, médias,…) ne peuvent que faciliter alors la formation (l’auto-formation…).

Le développement de ces sujets avec une palette complète serait un outil utile pour lutter contre la méconnaissance des « Questions de Défense », pour développer cet esprit de Défense, voir même la capacité de résilience de la société et générer ainsi l’élan souhaitable de ce grand renouveau d’une école française dans une certaine tradition d’un riche passé.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Le CEREM (centre d'étude et de recherche de l'école militaire) commençait à constituer un pôle de recherche, sous la houlette de l' amiral Dufour.
Mais il semble qu'une OPA soit en train d'être faite.
Et ce serait Alain Bauer, pour qui la sécurité est avant tout la sécurité civile, qui en serait le grand dieu.......
Aïe aïe aïe !

F. de St V. a dit…

Ayant eut la chance de suivre plusieurs confèrences et débats à l'Ecole Militaire de haute valeure avec des intervenants de qualité (CDET, SHD, ...), il est vrai que l'Ecole Militaire serait un lieu sur lequel pourrait se greffer et fructifier de saines et nécessaires tentatives de centralisation et de développement pour la culture et la connaissance française...

Pour Alain Bauer, c'est dans l'air du temps (presque un phènomène de mode) avec la parution et l'esprit du Livre Blanc, attendons si cela s'inscrit réelement dans la durée (pour donner une note d'optimisme).

Anonyme a dit…

"Quand on regarde ensuite les intitulé des Masters et dans un cadre typiquement français, loin d’une des préoccupations des étudiants, les diplômes professionnalisant à haute valeur ajoutée sont encore trop rares même si un réel effort est à noter."

Défense, professionalisant? nieyh? Dites nous en plus.

En tant qu'étudiant, c'est mon grand problème.Je suis certain qu'un master 2 en Droit et politiques internes de défense et de sécurité est surement passionant mais après?On fait quoi?

Pour beaucoup c'est les concours, et là la valeur ajouté d'un master dans ce domaine ne me paraît pas évidente.J'avoue même me demander la fonction de ces diplômes...

F. de St V. a dit…

Pour commencer par une note d'optimisme: le Droit est mieux vu (et il est de plus un meilleur parachute) que l'Histoire ou autres...
Après le problème avec les métiers ou le secteur que l'on vise, c'est qu'il n'y a pas de métiers précis bien définis comme après une école de commerce pour devenir commercial ou une école d'ingénieur pour devenir ingénieur. C'est donc à mon sens, une mise en avant de ces acquis, de ces connaissances, de ces capacités qui ne peuvent être jugés quasiment que lors de mise en situation professionnelle comme dans un stage qui est nécessaire (possible dans les stages de ces diplômes pro) . Ce n'est que plus difficile. Il faut être au bon endroit au bon moment par un réseau à se faire, par ces connaissances, par la reconnaissance de ces travaux. On va dire que le chemin est plus ardu pour arriver en haut que pour d’autres professions. A chacun de se faire son CV au mieux. Les concours (fonction publique ou grandes écoles) sont, je ne suis pas sur, une nécessité mais ce n'est pas alors la voie la plus simple qui est choisi. Si on se démarque on viendra nous chercher, je pense (j'espère).

Rien d'encourageant il est vrai mais quand la passion (bien souvent) rejoint la profession ça peut aider. Réponse mèdiocre et de normand (oui et non), j'en suis desolé...

Anonyme a dit…

C'est déjà encourageant.Merci.