vendredi 11 juillet 2008

Partie 1: le but recherché, maintenir l'ordre.

Au nom de cette mission, confiée à l'armée bien avant la Révolution, répétée en 1791 dans les lois d'organisation de la défense intérieure, son emploi va connaître différentes périodes d'activité à mettre en parallèle avec les changements de mentalités des deux derniers siècles et les créations d'autres corps plus spécialisés.

Les missions principales confiées à l'armée à partir de la définition d'un intérieur et d'un extérieur sont de protéger et de défendre l'intégrité des frontières, la liberté d'action du gouvernement et la sécurité de la population. La lutte contre la subversion interne (émeutiers ou même délinquants) est alors au coeur des préoccupations des régimes au moment même où l'idée républicaine est en pleine consolidation et où les changements de régimes se succèdent. C'est pour cela que jusqu'aux années 1870, avec les forts antagonismes politiques, théoriques et idéologiques, la répression est extrêmement sévère et violente. L'apparition de l'anarchisme et du socialisme puis la peur de la menace communiste (un peu plus tard) sont des facteurs d'une utilisation fréquente de l'armée à l'époque où toutes manifestations ou attroupements sont interdits. Il faut attendre l'oeuvre du Préfet de Paris Lépine par le décret de 1935 pour voir apparaître une organisation et une concertation avec les autorités, des manifestations au nom d'une « rue calme et propre ». Cela marque déjà un infléchissement du seuil de violence politique (un minimum tolérable) avec une utilisation en baisse des forces armées lors d'opérations de maintien de l'ordre. Ce n'est alors qu'au cours des années 1950 que le monopole des missions de maintien de l'ordre n'est plus dans les mains des armées. C'est à cette époque que paraît le découpage des forces en trois catégories avec tout d'abord la Gendarmerie départementale et les gardes républicains puis les escadrons de Gendarmerie mobile et enfin les armées selon une gradation des cas d'emploi et de mobilisation selon les nécessités. Cette mobilisation des forces de 3ième Catégorie se fait selon des instructions ministérielles définies par exemple par l' IM 500 de mai 1995 marquant alors un certain degré d'importance des troubles.
Lors de troubles graves et quand la Maréchaussée puis la Gendarmerie ne suffit plus par manque d'effectifs ou lorsqu'elle est débordée, l'armée est envoyée pour mettre fin aux troubles bien souvent dans l'urgence. Ce manque d'effectifs va être comblé avec l'apparition chaotique de corps professionnels dans ces opérations. Suite aux demandes répétées des officiers, un débat va mener en 1921 à la création du corps des gendarmes mobiles qui va peu à peu s'accroître et commencer à penser en terme de doctrine et de pratiques cette mission spécifique mettant fin peu à peu au maintien de l'ordre imparfait avec des erreurs de tirs et des drames comme les neuf morts de Fourmies en 1891. Il en est de même lorsqu'après la seconde Guerre Mondiale, issues des Groupements Mobiles de Réserves chargés de traquer les résistants, va être créées en 1948 les Compagnies Républicaines de Sécurité, début du dualisme français du maintien de l'ordre qui perdure jusqu'à nos jours. Les grèves ouvrières du lendemain de la guerre verront un retour des armées (souvent des réservistes encadrées par des gendarmes) dans les rues et les usines avec même des gardes statiques de chars. L'armée va reprendre de l'importance dans ces missions aussi lorsque les conflits de décolonisation (Indochine puis Algérie) vont mobiliser des effectifs croissants de forces de l'ordre pour rétablir le calme. Au nom de la défense contre le terrorisme apparu après les vagues d'attaques du 19ème siècle et encore plus du 20ème siècle, les trois armées sont parties prenantes dans la lutte anti-terroriste avec par exemple la suppléance des forces de l'ordre depuis 1986 dans le plan Vigipirate et de manière continue depuis 1995 dans le cadre des missions de sécurité publique. L'autre paramètre qui implique l'intervention des forces armées a souvent été la violence des événements. L'armée par son entraînement à faire la guerre semble plus à même de s'interposer et de réprimer lors de graves troubles. La Semaine sanglante de mai 1871 avec l'installation de barricades au coeur de la capitale, des émeutiers armées faisant usage de leurs armes conduit les gouvernants à prendre des mesures de mobilisation des régiments de l'armée de Versailles qui mettront fin aux troubles, quadrillant la capitale. La Défense opérationnelle du territoire ou DOT prévue par l'ordonnance de Janvier 1959, prévoit alors à l'armée un rôle de dernier recours. On retrouve cela actuellement dans le plan d'intervention avec une échelle de violences, pensée en 1990 par un commissaire des Renseignements Généraux. Le débat contemporain sur l'emploi de l'armée lors d'émeutes urbaines dans des quartiers dits sensibles trouve son origine dans l'évaluation et la perception de cette échelle. Lorsque les administrations sont débordées, l'armée main d'oeuvre docile et nombreuse est aussi réquisitionnée pour des opérations de service public après des marées noires, des inondations ou des tempêtes prêtant assistance à la population.

Les forces armées interviennent de plus en plus à l'extérieur en vue de protéger l'intérieur. Toujours limitée par ces effectifs et se spécialisant dans la police judiciaire, les Gendarmes Mobiles laissent en OPEX (opérations extérieures) les armées s'occuper du maintien de l'ordre que cela soit à Mitrovica au Kosovo ou à Abidjan en Côte d'Ivoire. Le maintien de l'ordre dans l'hexagone au nom d'une image qui choquerait trop l'opinion publique n'est plus assuré de façon directe par les armées.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je rappelle que les CRS ont étaient formé à l'époque avec les FTP communistes ;)

Et que l'utilisation de l'armée lors des émeutes à étaient particulierement sanglantes au XIX et au début du XXe S; d'ou justement la création d'unités de maintien de l'ordre spécialisé.

Voir :''Histoire et dictionnaire de la police du moyen age à nos jours''